LES TROPHEES 2017 REMIS CE JOUR PAR LE DIRECTEUR DU MAB A L'UNESCO M. MIGUEL CLÜSENER-GODT

Présentation du projet « Chantier Naval du Port », lors des Trophées 2017 des Réserves Mondiales de Biosphère, par Michel CADET, Vice-président de l’Office de Tourisme du Grand-Périgueux, à l’UNESCO (PARIS), le 15 novembre 2017.

 

 PROJET DE CONSTRUCTION DU « MILAN NOIR », UN COURAU DE L’ISLE, VARIETE DE GABARRE AYANT CIRCULEE DURANT 100 ANS SUR LA RIVIERE ISLE EN PERIGORD AU XIXe SIECLE   

 

Historiquement, cette navigation fluviale c’était :

 

Ø  Le témoin d’un commerce fluvial important, avec 180 000 tonnes transportées/an soit l’équivalent de 18 000 camions de 10 tonnes (transport de bois, pierre, chaux, peaux, tuiles, piquets de vignes et merrains à la descente ; denrées coloniales et sel à la remonte)

Ø  Le témoin d’une voie de communication immuable, au travers de cette vallée, entre les contreforts du Massif Central, les terres reculées et isolées du Périgord et les grandes villes de Libourne, Bordeaux ainsi que le riche estuaire de la Gironde. La vallée de l’Isle a toujours été le lieu de passage et de déplacement des animaux et des hommes depuis la préhistoire.

Ø  Le témoin d’une identification à une entité géographique et humaine avec son écosystème, sa rivière (40 écluses, 43 barrages, ses canaux de contournement), ses gens de rivière (bateliers, haleurs, bouviers…), mais aussi paysans, aubergistes et autres bucherons vivant sur ses berges. L’Isle c’est 112 kilomètres canalisés de Périgueux à Laubardemont, et 31 kilomètres de navigation maritime entre Laubardemont et Libourne.

 

L’Isle, à cette époque, c’était une descente parfois dangereuse lorsque les « eaux étaient marchandes », durant 4 jours, ses longs couraux avec 4 ou 6 bateliers, 2 ou 3 paires d’avirons, des longues perches ferrées « les bergades » pour pousser les obstacles et deux voiles à l’avant pour la partie maritime dans l’estuaire. C’était « la rivière qui marche » avec son chemin de hallage qui permettait la remonte, en 4 jours également, mais au prix de 27 pénibles changements de rives pour les passeurs, les bouviers et les haleurs.

Périgueux, c’était le port le plus en amont de la rivière, construit entre 1830 et 1837, d’une superficie de 27 000 m² avec son chantier portuaire, non-loin de la grande écluse et la construction en 1845, du premier courau de l’Isle, ici à Périgueux, “Epicaris” appartenant au Comte de Rouffignac. Ce port a vu, à la fin du XIXe siècle, à son apogée, passer 700 bateaux par an, soit un commerce fluvial de 40 000 tonnes de marchandises.  Aujourd’hui c’est un bassin, ensablé, où poussent jussie et nénuphars et une zone oubliée, occupée par des friches et maltraitée par quelques squatters.

  

Le nouvel Office de Tourisme du Grand-Périgueux, a souhaité avec l’aide des collectivités, porter un projet différent de ceux déjà en cours qui eux, valorisent la gastronomie, (future Manufacture Gourmande), le patrimoine architectural Gallo-romain, Médiéval et Renaissance dont la ville est très riche, les Arts du Mime, la musique classique, le jazz et le « Livre Gourmand ».

 

L’idée est celle de se réapproprier la rivière, de préserver notre environnement et de sensibiliser le public à sa fragilité, de réhabiliter des bâtiments désaffectés, de redécouvrir un passé industriel du XIXe siècle, finalement assez récent, de faire participer les différents publics (scolaires, étudiants, habitants, touristes, artisans) en recréant du lien social et en développant un projet environnemental, pédagogique, inter associatif, patrimonial, culturel, territorial et, in fine, touristique. La construction du Courau de l’Isle sera le fil rouge de cette action qui durera 2 ans.

 

Ce site valorisé sera le support d’expositions sur la biodiversité, la faune et la flore de la rivière, sur la batellerie et la construction navale fluviale. Il créera une scénographie d’activités portuaires, une fête nautique élargie aux autres patrimoines industriels du XIXe siècle en Périgord Blanc qui se sont souvent trouvés confrontés aux bateliers : les moulins, les forges, le chemin de fer…

Le projet de construction de ce « Courau de l’Isle » et l’animation d’un chantier naval répondent à trois des critères valorisés par ces Trophées : partage d’expérience, développement durable dans plusieurs de ses dimensions, compréhension de l’héritage du passé pour mieux appréhender et créer notre futur.

 

Le partage d’expérience :

-          Lieu d’apprentissage de la construction et de respect de l’environnement (transmission d’un savoir ancien, non écrit, pour une construction avec des outils non électriques, notion d’expérimentation avec un charpentier de marine reconnu, visites pédagogiques avec les scolaires, contribution à une éducation aux comportements et aux valeurs du développement durable)

-          Travail d’échanges entre associations (recherches historiques, promotion, communication)

-          Travail participatif avec des bénévoles et des étudiants.

-          Possible chantier école avec des “Compagnons du Devoir”

 

Le développement durable :

-          Lieu d’exposition et de sensibilisation à la préservation de la nature et à l’écotourisme (faune et flore des rivières, construction d’un bateau archéologique, histoire des transports de marchandises dans la vallée de l’Isle) en rapport avec un nouveau tourisme d’itinérance et un tourisme durable.

-          Mise en place d’actions portant sur la durabilité et une gestion raisonnée des ressources (réutilisation de bâtiments désaffectés ou sous-utilisés, tri sélectif des déchets, économies d’énergie, choix d’entreprises labellisées pour la fourniture du bois, gestion durable de la forêt, …)

-          Favorisation d’une mobilité douce (projet centré sur l’axe fluvial au plus proche de la Voie Verte et de la Voie bleue, transports en communs et déplacements à vélo pour les visites, lien avec stations du réseau Péribus)

-          Déambulation touristique écologique sur le canal via le support d’un « Sentier Nautique », label de la FFCK, avec bateaux à pagaies, de type rabaska, grands canoës amérindiens, sans usage de moteur. Le sujet des balades : la batellerie au cours des âges, le commerce fluvial, l’histoire de Périgueux, notamment à l’époque gallo-romaine (sites archéologiques et musée très proches)

-          Amélioration des Espaces Verts autour du Bassin du Port et poursuite de la mise en valeur du canal et de la rivière, avec, en prévision, la rénovation d’une écluse.

 

Une opportunité culturelle et patrimoniale :

-          Développement de l’idée d’appartenance à un territoire fluvial cohérent et à l’identité reconnue

-          Construction d’un bateau patrimonial, authentique en valorisant les techniques anciennes

-          Intégration du projet dans la ville de Périgueux, qui se situe au cœur de deux labels de l’UNESCO :

o   La Cathédrale Saint-Front, site classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO au titre des Chemins de Saint Jacques de Compostelle en France (Voie Vézelay -1998)

o   La Réserve Mondiale de Biosphère pour l’ensemble du bassin versant de la Dordogne (2012) pour « la qualité de son patrimoine naturel et de ses pratiques d’expérimentation et d’apprentissage du développement durable ».

-          Inscription dans un territoire rural ou semi-rural : boisé, agricole, petites villes ou villages, long éloignement durant des siècles des grands axes de communication), un territoire en lien avec l’eau (filière bois, batellerie, moulins, forges, filière agro-alimentaire, filière agricole), un territoire authentique et attractif donc touristique, un patrimoine architectural, archéologique, gastronomique et un cadre de vie rare grâce à ses paysages et son climat.

 

 

Nous remercions l’UNESCO et son Programme MAB pour son soutien à notre projet. Votre reconnaissance, par cette récompense exceptionnelle, met l’accent sur la valeur d’exemplarité de l’engagement des acteurs de terrain pour améliorer leur qualité de vie au quotidien. Elle aide à la diffusion de valeurs d’authenticité, de partage et de gestion durable. Merci à tous de nous aider à nous dépasser.